Cette étude de la Columbia University qui apporte une explication à l’association fréquente obésité et asthme, suggèrent que les thérapies qui augmentent la signalisation d’une hormone, la leptine pourraient traiter l’asthme chez les personnes obèses. Ces conclusions, obtenues sur l’animal, publiées dans l’édition du 8 janvier de la revue Cell Metabolism mettent en avant un signal spécifique provenant des cellules graisseuses et qui va affecter les poumons, directement ou indirectement.
Cette découverte contribue à expliquer pourquoi les personnes atteintes d'obésité ont des taux plus élevés d'asthme. Il est connu que l'obésité peut provoquer un rétrécissement des voies respiratoires (bronchoconstriction) et que lorsqu'elle se développe chez les personnes souffrant d'asthme, elle va aggraver les troubles respiratoires via des mécanismes encore mal connus. Le Pr Gerard Karsenty, professeur de médecine à la Columbia et auteur principal de l'étude explique qu'il a commencé par l'observation clinique que l'obésité et l'anorexie peuvent conduire à l'asthme, puis a soupçonné l'existence d'un signal provenant des cellules graisseuses et affectant les poumons. « Le candidat le plus probable était la leptine », explique-t-il, une hormone qui joue un rôle clé dans le métabolisme énergétique, la fertilité et la masse osseuse mais donc, réglemente aussi le diamètre des voies aériennes. Son équipe a donc souhaité élucider les bases génétiques et moléculaires de la relation entre l'obésité, les voies aériennes et la fonction pulmonaire.
Obésité et asthme : Les chercheurs montrent sur la souris qu'un poids anormalement faible ou élevé entraîne une bronchoconstriction et une diminution de la fonction pulmonaire, que la leptine, ainsi qu'à un niveau moindre la régulation de l'appétit, augmente le diamètre des voies respiratoires de façon indépendante. Ainsi, des souris obèses et asthmatiques qui reçoivent une substance qui augmente l'inflammation pulmonaire, lorsqu'elles reçoivent également de la leptine dans le cerveau durant 4 jours, ne présentent aucune inflammation, aucune modification du diamètre des voies aériennes et leur fonction pulmonaire reste normale. Lorsque les chercheurs traitent des souris asthmatiques et obèses, avec des médicaments qui diminuent le tonus parasympathique, l'asthme disparaît après quelques jours. La leptine agit sur les voies respiratoires en réduisant l'activité du système nerveux parasympathique et cela, indépendamment de l'inflammation locale au niveau des bronches.
Une nouvelle option thérapeutique ? Il pourrait donc être possible de corriger l'asthme chez les personnes obèses par des médicaments inhibant la signalisation parasympathique et augmentant ainsi la signalisation de la leptine, concluent les auteurs. Des médicaments qui sont, pour une part, déjà disponibles (comme Provocholine ®, fabriqué par Methapharm Inc). Reste à lancer les essais cliniques nécessaires pour valider ce nouveau traitement du surpoids associé à l'asthme.
Source: Cell Metabolism 8 January 2013 doi:10.1016/j.cmet.2012.12.004 Inhibition of Leptin Regulation of Parasympathetic Signaling as a Cause of Extreme Body Weight-Associated Asthma
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