Le National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID/NIH) lance un essai sur un anticorps monoclonal pour le traitement de l'asthme chez les jeunes en milieu urbain des minorités défavorisées les plus exposées. L'essai doit également examiner la relation entre l'activité du réseau de gènes des voies respiratoires et les résultats du traitement chez ces jeunes plus fortement exposés.
Cet anticorps monoclonal, le dupilumab, promet de réduire les crises d'asthme et d’améliorer la fonction pulmonaire et les symptômes de l'asthme chez les enfants souffrant d'asthme allergique mal contrôlé, qui vivent dans des quartiers urbains à faible revenu, les plus exposés. Les chercheurs visent également à définir les niveaux d'activité des réseaux de gènes associés à l'asthme qui correspondent à des résultats spécifiques de ce traitement par anticorps chez ces enfants.
Le dupilumab est approuvé par l’Agence américaine, FDA, comme traitement d'entretien complémentaire
pour certains types d'asthme modéré à sévère, chez les patients âgés de 6 ans et plus. Cependant, peu de données existent sur l'efficacité du médicament chez les enfants plus défavorisés affectés de manière disproportionnée.
L'essai PANDA, un essai clinique de phase 2 s’appuie sur le réseau CAUSE (Childhood Asthma in Urban Settings) financé par le NIAID comportant 7 centres médicaux situés à Aurora, au Colorado ; Boston; Chicago; Cincinnati ; New York et Washington. L'essai est dirigé par le Dr Daniel J. Jackson, professeur de pédiatrie à l'Université du Wisconsin-Madison et soutenu par les Laboratoires Regeneron et Sanofi.
Quel principe d’action et pour qui ? L'inflammation chronique des voies respiratoires est une caractéristique clé de l'asthme. Lors d'une crise d'asthme, la muqueuse des voies respiratoires gonfle, les muscles autour des voies respiratoires se contractent et les voies respiratoires produisent plus de mucus, ce qui réduit considérablement l'espace permettant à l'air d'entrer et de sortir des poumons (Voir visuel).
Les enfants de minorités qui vivent dans des environnements urbains à faible revenu encourent un risque particulièrement élevé d'asthme. Ces enfants souffrent fréquemment de nombreuses allergies car ils sont plus exposés à la fois à des niveaux élevés d'allergènes intérieurs et à la pollution de la circulation. Une précédente étude du NIAID avait permis d’identifier de nombreux réseaux de gènes activés ensemble et associés aux crises d'asthme chez les enfants exposés. Certains de ces réseaux de gènes sont spécifiquement associés à une réponse allergique systémique appelée inflammation de type 2, qui joue un rôle majeur dans le développement de l’asthme.
Le dupilumab agit en bloquant l'interleukine 4 et l'interleukine 13, 2 petites protéines impliquées dans l'inflammation de type 2.
L’étude sera menée auprès de 240 jeunes participants âgés de 6 à 17 ans souffrant d'asthme allergique mal contrôlé, sujet aux crises et présentant des marqueurs biologiques d'inflammation de type 2. Les participants seront répartis au hasard, soit pour recevoir des injections de dupilumab soit un placebo toutes les 2 semaines pendant un an. Tous les participants recevront également des soins standards pour l'asthme. L’objectif sera d’évaluer la fonction pulmonaire et les marqueurs de l'inflammation des voies respiratoires à plusieurs reprises au cours de l'essai. L'ARN, extrait des cellules des sécrétions nasales des participants doit être séquencé et analysé pour déterminer l'activité des réseaux de gènes identifiés.
Ces données qui vont permettre de clarifier le fonctionnement du dupilumab au niveau moléculaire, permettront peut-être d’élargir l’indication du médicament et d’offrir un traitement efficace à ces enfants défavorisés les plus exposés.
Source: NIAID June, 2022 The Panda Trial
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